24 clichés que j'ai occupés



24 clichés que j’ai occupés, 2010
Vidéo, 8’

24 photos I occupied, 2010
Video, 8’


24 clichés se succèdent les uns aux autres à la manière de différents moments d’une journée, chacun consacré à une action particulière Ces clichés ont été recueillis dans le Sud de l’Espagne, dans la région d’Almeria, où s’étend «El mare del plastico», mer de plastique formée par 17 000 hectares de cultures sous serres et dont le développement spectaculaire repose, entre autres, sur la surexploitation de la main d’oeuvre immigrée. Reléguée à l’extérieur des villes, marginalisée, cette population n’a souvent de possibilité d’intégration et d’inscription sur le territoire que dans l’espoir qu’elle projette d’un mode de vie occidental. La force d’une projection semble en effet ce qui leur permet de tenir. C’est pourquoi la question du cinéma (le cinéma est selon Godard «ce qui projette en grand» l’Histoire, les histoires) et en l’occurrence l’iconographie du western se constituent ici comme matériau de la vidéo: espaces désertiques, idée d’une frontière constamment reportée (pionnier), bande son d’Enio Morricone ralentie à l’extrême.

Les clichés (en noir et blanc) se constituent d’incrustations vidéo (couleur) dans des photographies comme si les unes venaient prolonger les autres, rendant - grâce à leur temporalité-, ces espaces momentanément «habitables».

24 photos follow one another, as the different moments of a day, each one with a singular activity. I took these photos in the south of Spain, near Almeria, where a wide “plastic sea” stretches, plastic sea made of 17000 hectares of growing greenhouses which extraordinary developing is due to the overexploitation of the immigrant workers. Bordering on the outdoors of the cities, marginalized, this population has got the possibility to be integrated and registered on this land only with the hope they have in an occidental way of life. And thanks to this projection they can resist. This is why the question of cinema (according to Godard the cinema is “what shows in large” the History, the stories) and in that case the western iconography make here the video material: desert lands, idea of a border constantly displaced (pioneer), soundtrack for Ennio Morricone, slowed down to the extreme. 

The images are made of video inlaid in photographs, as if ones were extending the others, making, thanks to their temporality, these spaces momentary “fit to live in”.