Concert for 2 kor(e)as



Concert for 2 kor(e)as, 2021
Ciné-concert, 14’
Daphné Le Sergent en collaboration avec Vincent Guiot
Musiciens : Ousmane Kouyaté (Kora Man) et M’bady Diabaté
D’après Jindo Arirang, Gangwondo Arirang, Myriang Arirang et Bonjo Arirang
Conception et direction musicale : Vincent Guiot 
Une co-production du Bureau des Heures Invisibles et du Centre Culturel Coréen de Paris
Avec le soutien de la résidence 105, Light Cone


Intitulé "Concert for 2 kor(e)as", il s'agit d'une projection de vidéo-mapping (sol et mur) ainsi que d'un concert réunissant deux koras, interprétant une chanson traditionnelle coréenne "Arirang".
Arirang est un symbole fort de la culture coréenne. Ses origines varient, Il en existe de nombreuses versions, chacune enracinée dans sa région d’origine, certaines empruntant au Pansori (récit chanté issu du chamanisme) ses fluctuations vocales et sa force expressive. Arirang est un chant qui évoque le han, un sentiment profond, une tristesse irrésolue par des événements dramatiques durant toute l’histoire de Corée, qui colle à la peau du peuple coréen. Il a été un signe de ralliement lors de la colonisation japonaise. Il l’est encore aujourd’hui, dans une toute autre mesure, lors d’un match de foot, dans la K-Pop ou même encore dans la diaspora coréenne.
"Korea"/"kora", cela commence par un jeu de mot mais ce rapprochement pose surtout la question de l'expression d'une émotion lorsqu'on ne se réfère pas à son propre langage et que, suite à un déplacement ou une migration, on utilise celui de l'Autre.
Le thème qui a motivé ce travail a été celui du blues et de la diaspora, comment exprimer ce sentiment que les coréens appellent le "han", cette mélancolie profonde suite à un événement dramatique? Quant aux images vidéo, elles embarquent le spectateur dans un voyage de l’Est vers l’Ouest, des plages gelées de la mer jaune au sable chaud de l’ancien empire mandingue du Mali.  Mais le véritable voyage, ici, est offert par les musiciens, par ces deux koras où se module le « Arirang » et qui semblent étrangement reprendre les intonations mélismatiques des voix coréennes.  Peu à peu, les paroles et le sens se décollent de la mélodie pour n’être plus que des coquilles vidées par un déplacement. Les images vidéo apparaissent telle une partition où on lit les tressaillements du corps, le froid et le chaud de sa mémoire. Les deux Corées ne sont que le souvenir d’une terre matricielle, d’une Chôra, qui n’existe plus que dans un appel et une réponse.