Le poids et la mesure 



Le poids et la mesure, 2021 
Vidéo, noir et blanc, son, 4’

Weight and measurement,  2021
Video, black and white, 4’ 





L’artiste présente ici la photographie selon deux de ses aspects : son poids (une part de sa réalité matérielle) et sa mesure (sa place dans l’Histoire de la représentation). Ainsi apparaît-elle de façon duelle : à la fois comme surface d’illusion (ce qu’on voit) et comme donnée économique (ce à quoi on ne prête le plus souvent aucune attention). Le poids, ici, c’est la quantité d’argent contenu dans une photographie. Si cette quantité varie, on peut donner un ordre de grandeur moyen : 20 milligrammes d’argent au mètre carré. La mesure, c’est la photographie comme trame optique. C’est-à-dire : comme la prolongation (mais par des moyens mécaniques) de la perspective inventée à la Renaissance, qui va dominer la peinture et le dessin jusqu’à la fin du 19ème : une méthode basée sur la géométrie, par laquelle on donne l’illusion de la profondeur. Ainsi le tableau devient, à la Renaissance, ce que le peintre Alberti nomme « une fenêtre ouverte sur le monde ». Et la perspective a un rapport – lointain mais essentiel – avec l’exploitation des mines d’argent : elle est conçue sur les mêmes principes optiques que l’astrobale nautique, un instrument de navigation sans lequel la découverte des Amériques n’aurait pas été possible.

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